Le prix du plus gros coq du village

Article : Le prix du plus gros coq du village
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6 octobre 2016

Le prix du plus gros coq du village

Quel âge avais-je? Je ne me souviens plus vraiment. Quatre ou cinq ans peut-être. En retour, je me rappelle très bien des événements comme si c’était hier parce que pour certaines choses, notre mémoire devient comme celle  d’un éléphant. On ne peut pas les oublier, ces fameuses certaines choses en question, quand on a senti à quel         point ça fait mal, à quel point ça terrorise comme Boko Haram. C’était vraiment chaud. Très chaud même, je dirais   que notre enfer sur terre, nous l’avions aussi connu.

Voici pour vous, la fameuse histoire du plus gros coq du village qui nous a entraîné dans le plus facile des guet apens.

À cette époque, nous avions pour habitude de nous amuser tous les soirs dans la cour de l’église qui était voisine à notre maison. Je me souviens qu’avec mon frère on jouait aux billes un soir quand notre grande sœur est venue nous dire de vite rentrer à la maison car notre papa avait tué un gros poulet pour nous deux. Rien que pour nous deux. Nous étions tout à coup aux anges. La nouvelle nous avait fait jeter les billes quelque part. Je ne peux vous dire où exactement car je ne m’en souviens plus. Il fallait se précipiter, car il y avait un gros coq à bouffer et une histoire de gros coq, ce n’était pas du tout du jeu. On commençait déjà à saliver. On savait à quel point c’était intéressant, le poulet, pour ne pas être comblé de joie. Et de surcroît, le plus gros coq du village, pour nous deux seulement. Oh la vache ! j’imaginais le festin qui nous attendait à la maison.

Nous étions à deux doigts de la cour quand quelqu’un (je ne me rappelle plus de qui c’était encore) m’a demandé d’attendre dehors afin que mon frère Soumaila mange d’abord sa part. Ma partie de bouffe allait suivre après. Je me suis opposé. Il n’était pas question pour moi de laisser mon frère commencer. J’allais commettre une grosse erreur car si j’acceptais, il allait manger tout le gros poulet, je m’étais dit. Soit on y va ensemble ou bien je mange ma part en premier. Ils n’ont pas trouvé de problème à cela et ont demandé à mon frère d’attendre que je mange d’abord. Lui aussi à commencé à pleurnicher et à se jeter par terre. On avait alors proposer d’aller le manger ensemble. Là encore, un autre refus. Celui des autres maintenant. Nous avions tellement envie de ravager ce gros poulet qu’on n’a pas soupçonné ce qui se tramait contre nous.

Finalement, je m’étais retrouvé dans la cour sans même que personne ne sache comment j’avais fait. Enfin, m’avait-on laissé entrer ou avais-je fais preuve d’habilité pour pénétrer ? C’est l’un ou l’autre en tout cas. Une chose est sur, j’étais présent et ma part du poulet, je la réclamais. Soumaila pendant ce temps avait le diable au corps, dehors car on l’empêchait d’entrer. Sur place, se trouvait quatre personnes. Trois grands frères du quartier, bien costauds plus un monsieur que je ne connaissais pas. Ils étaient là pour autre chose que ce gros coq sûrement. En tout cas, il avait été dit que le coq était pour Soumaila et moi. Pas pour trois costauds grands frères du quartier plus un inconnu en plus de nous. On devait être clair la dessus. Si jamais le plat sortait et qu’ils essayaient de s’approcher, nous ne seront pas d’accord, je le savais. J’attendais sereinement le festin quand les trois gaillards de façon aussi rapide qu’un éclair se sont jetés sur moi pour m’entraîner dans un couloir aménagé quelque part dans la cour.

J’ai commencé à pleurer en leur demandant de me lâcher car je commençais à comprendre ce qui se passait lorsque le monsieur avait sorti de son sac un petit couteau pendant que mon père et les quatre jeunes m’avait retiré tous mes habits. Ils m’ont fait asseoir sur une pierre. J’ai coulé des larmes qui auraient pu remplir un verre d’eau si jamais on les avait recueillies. Hélas! Ils ne me lâchaient pas. Mes petits muscles se débattaient en vain. Je comprenais à quel point je m’étais facilement fait avoir pour une histoire de coq. Le monsieur, sans pitié, sans tenir compte de ma souffrance et mes supplications, me tranchait une partie de mon Bangala. Il me le coupait en faisant le tour. Ça n’a pas vraiment été long mais plutôt très douloureux. Après mon père m’a ensuite soulevé pour me conduire dans une chambre d’où je pouvais voir mon frère entrer à son tour gaillardement dans la cour sans savoir ce qui l’attendait.
En quelques minutes, le même sort s’abattit sur lui aussi. Le méchant monsieur l’avait aussi coupé le prépuce sans pitié comme il l’avait fait avec moi.

Quelques minutes après, mon frangin était libéré à son tour, nettoyé et conduit dans la chambre où je me trouvais. Pendant qu’on pleurait toujours, très indignés, notre grande sœur est venue déposée devant nous une assiette contenant de la viande de poulet. Nous nous sommes bien régalés après notre circoncision de tout à l’heure qui en était le prix.

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