Mali: quand on s’appelle Yambo Ouologuem et non Amadou Hampâté Bâ…

Article : Mali: quand on s’appelle Yambo Ouologuem et non Amadou Hampâté Bâ…
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18 octobre 2017

Mali: quand on s’appelle Yambo Ouologuem et non Amadou Hampâté Bâ…

Quand on s’appelle Yambo Ouologuem…

Après avoir ouïr parler de lui pour la première fois au lycée, j’ai eu la chance de le lire il n’y a pas très longtemps de cela, Je le confesse (qu’une seule œuvre pour l’heure). On ne peut te parler de « devoir de violence » sans que l’envie de le dévorer ne te revienne constamment en tête, d’une façon violente comme un devoir. Après sa lecture, tu comprends que lorsqu’on s’appelle Yambo Oueloguem et qu’on a eu le génie nécessaire pour bâtir un roman d’une telle richesse à 28 ans seulement, on ne peut que mériter quelque chose d’aussi prestigieux que le prix Renaudot.

Tout comme Yambo Ouologuem et plusieurs autres écrivains, les maliens ne le lise pas Amadou Hampâté Bâ mais le connaissent tous

Toutefois, Yambo, malgré son talent, n’est pas vraiment notoire chez lui au Mali, il faut le dire sans malaise parce que c’est réel. Faites un micro trottoir avec dix jeunes. La question sera de savoir s’ils connaissent Yambo Ouologuem et Amadou Hampâté Bâ. Il y a une forte probabilité que sur les dix, neuf te disent qu’ils connaissent Amadou Hampâté Bâ mais pas Yambo Ouologuem. Amadou Hampâté Bâ que (par respect pour tout son immense labeur) je ne compare nullement pas à Yambo par cet exercice auquel je vous soumets, est très connu mais combien de Maliens le bouquinent en vérité? Quelques extraits de ses mémoires « Amkoullel l’enfant peul et Oui mon commandant », de « Kaidara » dans les manuels scolaires, en plus de son immortel citation qui compare le vieillard trépassé à une bibliothèque consumé par le feu et puis voilà ! Quoi d’autre ? Tout comme Yambo Ouologuem et plusieurs autres écrivains, les maliens ne le lise pas mais le connaissent tous. Il a eu la chance d’être contemporain d’une époque à laquelle le talent était majoré certes mais il y a autre chose : beaucoup de Bamakois par exemple savent qu’il est un grand monsieur parce qu’il suffit à chaque preneur de sotrama de dire à l’apprenti : « je descends devant le palais de la culture Amadou Hampâte Bâ », pour que son nom soit répété quotidiennement.

Quelle impertinence!
De plus Amadou Hampâté Bâ, était l’historien, il enseignait l’Afrique, donnait plutôt tout ce qu’il avait appris de son mentor Thierno Bocar. Yambo par contre attaquait ou du moins a attaqué dès la première œuvre et dans son collimateur, la cible n’était rien d’autre que l’Afrique. Mon auriculaire me dit donc qu’il était perçu comme le petit noir vendu, qui se croyait tout permis avec son maudit « devoir de violence » qui, au lieu d’attaquer le blancs, ou parler de la belle Tombouctou, de la reine Pokou ou que sais-je encore…au lieu de prendre exemple sur ses grands frères Senghor, Césaire ou Dadier, au lieu de cela, se permet de mettre en exergue le fait que les africains soient eux même quelque part à la base de la traitre négrière. Quelle impertinence !
Malgré le prix Renaudot et tout l’honneur reçu en 1968, Yambo ne pouvait pas être enseigné dans les livres comme on enseigne « sous l’orage » de Seydou Badian parce que le petit Moussa ou la petite Kany ne devait pas apprendre que les africains sont quelque part complice de l’esclavage.

 

J’ai ouïr parler de la mort de l’écrivain le 15 octobre dernier. J’ai compris que lorsqu’on s’appelle Yambo Ouologuem et non Amadou Hampaté Bâ et que notre étrange destin, au lieu de nous faire écrire sur sur un certain wangrin nous fait écrire un roman comme « devoir de violence » on ne peut que mériter un petit hommage de la part des siens

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Commentaires

Ecclésiaste Deudjui
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C'est bizarre mais nous les camerounais (enfin, je parle pour moi) on n'a découvert Yambo Ouologuem qu'à l'annonce de sa disparition

issbill
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Pas étonnant Ecclésiaste. Toi tu es excusable d'ailleurs. Tu as pris la peine de le connaitre au moins. Que dire des millions de Maliens qui ne le connaissent toujours pas?

Sagot-Duvauroux
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Merci Iss Bill pour ce texte qui rend hommage à un grand, souvent discuté, contesté, ce qui pour un écrivain est un honneur. Un souvenir personnel : Yambo Ouloguem a été mon professeur d'anglais quand j'étais en classe de 3e (l'équivalent français de la 9e malienne).

issbill
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Ton professeur d'anglais ! C'est intéressant ça Jean-Louis. J'espère qu'on aura le temps de bien parler de l'homme tout les deux à ta première visite à Bamako.