Oumou, la bonne trop bonne(neuvième partie)

Article : Oumou, la bonne trop bonne(neuvième partie)
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5 novembre 2016

Oumou, la bonne trop bonne(neuvième partie)

Daouda, ce soir là, était rentré du boulot plus tôt que prévu. Il n’avait que trois choses en tête: Se laver, manger et dormir. Après le dîner, son lit aussitôt l’interpellait pour un repos bien mérité. La journée avait été rude. Le lendemain était encore plus chargé sur son calendrier. Dormir vite était donc la meilleure option pour une parfaite récupération. Le douanier était sur le lit conjugal, lunettes au yeux, dégustant un roman policier avant que ses paupières s’alourdissent et que Morphée le prenne dans ses bras quand, sa femme se pointa, prit place à l’endroit du lit contigu au mur en laissant entendre d’un ton catégorique.

-Je dois te parler!

Daouda, sans détourner son regard de l’œuvre qu’il lisait, comme s’il était à la partie la plus intrigante, balança à son tour

– De quoi ma femme veut me parler?
– De notre fille de ménage

Daouda, poursuivant toujours deux lièvres à la fois, sa lecture et la discussion avec sa femme, demanda encore.

-Qu’est-ce que Oumou à fait?

-Déposes ce roman d’abord, Dao. Je suis en train de te parler sérieusement.

– Je n’ai pas dis le contraire Awa, vas y parle je t’écoute.

L’homme était trop fatigué et n’avait pas du tout envie de bavarder. Il connaissait cependant trop son épouse pour savoir qu’elle n’accepterais pas de reporter cette discussion. Faire ce qu’elle voulait était donc la seule issue pour avoir la paix. Elle ne disait mot. Sa mine avait changé. Un silence de cimetière d’une quinzaine de seconde régna. Qu’attendait elle? Se demandait-il. Il posa son regard dans sa direction pour savoir qu’elle n’attendait rien d’autre qu’être considérée lorsqu’elle parlait. Il a compris qu’il devait aussitôt déposer le livre. C’était « Le meurtre de Roger Ackroyd » d’Aghata Christie

-Attend moi Poirot, je discute avec ma femme d’abord,

fit-il comme si le détective du roman était la, présent dans la pièce. Awa était toujours silencieuse.

– Bon vas y, parle! Dis moi ce qui ne va pas chérie
-La bonne doit partir, voilà tout.

Laissa-t-elle entendre sans se gêner.

Partir où? Demanda l’homme comme s’il n’avait pas compris.
– D’où elle est venue, qu’est-ce que monsieur ne comprends pas?

Daouda, retira soigneusement ses lunettes avant de répondre

Monsieur ne comprends pas ce qu’elle a bien pu faire pour devoir partir d’où elle est venue, voilà.

– Elle a carrément changé. Oumou ne me respecte plus et j’en peux plus. Elle refuse de faire ce qu’on lui dicte et n’en fait qu’à sa tête. Elle s’est permise de me dire ouvertement la dernière fois qu’elle est fatiguée lorsque je lui ai demandé de faire la cuisine. Tu te rends compte? Je ne sais pas pourquoi elle est devenue comme ça mais, je sais que trop c’est trop.

-Mais, attends Awa. Oumou doit partir juste pour une histoire de « Fait la cuisine. Je suis fatigué »! Ça vaut vraiment le coup? Elle n’aurait peut-être pas dû te le dire, je suis d’accord, mais cela ne constitue pas une raison suffisante pour la mettre à la porte.

Tu la défends

-Je ne défends personne. Répliqua Daouda.

-Bien sûr que tu prends partie pour elle

Mais non, pas du tout. Tu dois juste comprendre qu’elle est ta servante d’accord mais, aussi la fille de quelqu’un d’autre. Va doucement avec elle.

-Suis-je allée fort avec elle? Ne serait-ce même qu’une seule fois? C’est elle qui a adopté une attitude contraire à ce qui nous lie. Je suis sa patronne. Oumou doit me respecter! Elle est payée pour travailler, elle doit donc le faire sans se rebeller.

-Je suis sa patronne, je suis sa patronne! Imita de façon ironique Daouda avant de poursuivre

-Tu n’a pas besoin de le lui faire savoir. Elle le sait déjà. Avec un peu d’humilité de ta part,vous aurez de très bons rapports, j’en suis sur. Maintenant laisse moi me concentrer sur les dernières pages de mon roman.

Tu oses me parler d’humilité, à moi, à cause d’Oumou?

Daouda qui s’était replongé dans sa lecture( dans un état sûrement pas concentré) ne dit mot.

Awa se leva du lit puis balança à son mari en quittant la chambre

-Elle partira dans tout les cas!

-Ou vas-tu?

-Je vais dormir au salon.

Il la laissa partir, pensant qu’elle reviendrai dans la chambre une dizaine de minutes après. Un quart d’heure passé, elle était toujours au salon. Daouda déposa le livre. Il s’était peut-être montré désagréable tout à l’heure mais, du cœur, il en avait. Depuis le seuil de la pièce, il regardait sa femme couchée sur le canapé, les yeux rivés vers la télévision.

-Allez viens chérie. Viens! Je suis désolé pour tout à l’heure.

Balança t-il en s’assoyant sur un fauteuil à trois mètres, derrière elle. Awa garda le silence jusqu’à ce que le douanier, confus, décida de retourner dans la chambre.

À suivre…

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